Conférence : L'histoire passionnante de la Cathédrale St-Nicolas
En reliant histoire institutionnelle et histoire de l’art, Pierre-Philippe Bugnard offre, lors de sa conférence du 12 avril 2025 à 17h00, un regard inédit et original sur le destin passionnant d’une modeste église paroissiale devenue Cathédrale !
Voir et entendre pour croire à St-Nicolas
Sept siècles d’église et de collégiale, un siècle de cathédrale
Dernier événement du Jubilé des 100 ans de la Cathédrale avant sa clôture officielle durant la messe de Pâques, cette conférence de Pierre-Philippe Bugnard offre un regard inédit et original en reliant la longue histoire institutionnelle d'une église paroissiale devenue cathédrale aux décors somptueux qui en marquent les grandes étapes et donnent à voir huit siècles d’enseignements chrétiens et de liturgies.
La petite église d’un bourg médiéval de la fin du 12e siècle ne peut s’offrir la relique du grand martyr qu’une cité ancienne acquiert en devenant siège d’évêché. Le bon saint Nicolas de Myre lui suffira. Indépendante, sa paroisse suit l’essor de la ville qui la contrôle par l’élection de son curé et la gestion de sa fabrique œuvrant à l’édification d’une grande église gothique avec vitraux, orgues et stalles. Sa tour imposante marque dès 1490 la puissance de la cité autant que le pouvoir de ses vingt clercs cumulant prébendes et bénéfices, dépositaires d’un riche trésor, obtenant de Rome, en 1512, leur érection en un chapitre collégial, anticipant l’arrivée des jésuites par leur école et leurs rites fastueux.
Mais les fameux «abus» précipitent la Réforme. L’évêque de Lausanne est dépouillé lors de la conquête du Pays de Vaud par Bernois protestants et Fribourgeois catholiques. Le patriciat prend le pouvoir, se réserve les places du haut de la nef et fiche ses blasons au ciel du chœur en signe de droit divin. Les chanoines à prévôt crossé et mitré élu par le Conseil des Deux-Cents acceptent l’évêque en résidence, soumis à leur chapitre. Au terme de trois siècles d’expectatives, la République chrétienne fribourgeoise est prise de court par le Saint-Siège qui, en 1924, décrète l'élévation de la collégiale en cathédrale et la nomination romaine de l’évêque du nouveau diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Le chapitre désormais cathédral cède ses droits aux nouvelles paroisses. Au canton la propriété des murs, à la bourgeoisie, jusqu’en 1972, l’élection des curés dont l’église est siège épiscopal, à l’évêque la nomination des chanoines résidents qui élisent leur prévôt...
Tant de luttes d'influence ! Pendant ce temps, que révélaient aux fidèles l'orientation sacrée de la petite église primitive, les voûtes aériennes de la collégiale gothique, les parures éclatantes de la cathédrale baroque ?
Pierre-Philippe Bugnard
Dans sa thèse d’habilitation (2001), "Le Temps des espaces pédagogiques : de la cathédrale orientée à la capitale occidentée" (Presses universitaires françaises, 2008/2012), Pierre-Philippe Bugnard, professeur émérite de l’Université de Fribourg, avait inscrit Saint-Nicolas au cœur de l’opposition millénaire du sacré et du profane en Europe.
Après des études à Fribourg et Paris I (thèse en 1982), ce Gruérien d’origine né à Lausanne a enseigné l'histoire de l'éducation aux Universités de Fribourg, Neuchâtel, Rouen et Curitiba (Brésil). Fondateur et président du Groupe romand de didactique de l'histoire, rédacteur de sa revue internationale Didactica Historica, membre des Conseils scientifiques Héloïse (Conseil de l’Europe), Pestalozzi (Yverdon), Oberlin (Alsace) et Girard (Fribourg). Il a co-fondé l’Association internationale de recherche en didactique de l’histoire (vice-président) et requis plusieurs Fonds nationaux de la recherche scientifique.
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